Le jour où j'ai failli m'acheter une crème de bonne-soeur

Lors d'un récent voyage en Bourgogne, je suis allée visiter l'Abbaye de Cîteaux, fondée en 1098 et maison mère de l'Ordre Cistercien. Travail et prière, lever à 3h45 tous les matins, la vie monastique chez eux, c'est pas pour moi !

Il n'y a qu'un boulot que je pourrais imaginer faire là-bas, c'est ni traire les vaches ni faire de la reliure, non, c'est vendeuse dans la boutique du monastère. Note qu'ils sont pas prêt de m'embaucher, vu que c'est réservé aux hommes.

La boutique, donc, un vrai supermarché du "fait par des moines", articles fabriqués dans cette abbaye, mais aussi par tous leurs copains de l'Ordre, nonnes y compris. D'ailleurs, vous saviez qu'il existait un label garantissant que les produits sont bien faits par des religieux(ses) ? Si si, ça s'appelle Monastic ! C'est classe non ?


On trouve vraiment de tout dans ce magasin : des céréales bio, des cartes postales avec des bébés chats, des sachets pour préparer instantanément du flan pistache, des vierges Maries, des bouquins, du miel de tilleul, des croix peintes, des tisanes minceur, des chapelet, des compléments alimentaires, et des cosmétiques ! Ou comment faire du bien à son âme en succombant à la tentation de l'achat d'impulsion...

Parmi la sélection, un grand choix de produits faits par des spécialistes de la beauté en soutane , savons, huiles essentielles, colognes, crèmes et baumes tout droit sortis du Moyen-Age, tous pleins de plantes ramassées par des bonnes soeurs gambadant dans les prés (+ de l'alcool et de la paraffine liquide).

Je voulais acheter le Baume d'Aiguebelle, fabriqué par des moines Trappistes. C'est un remède aux essences de pin, romarin, lavandin, genièvre, et autres, bon pour les muscles endoloris, les voies respiratoires, la peau, et la fièvre jaune - rayer la mention inutile.

Je l'avais dans la main ce baume du paradis, au packaging simplissime et vaguement austère ! Oui mais j'ai renoncé à l'acheter, parce qu'à la caisse, le moine de service était tout seul, et que la queue des acheteurs frénétiques était plus longue que celle de Séphora le samedi après-midi avant Noël. Mécréants qui pensez pouvoir acheter votre salut dans un pot de pollen de fleurs cisterciens !

Je l'aurais bien volé, mais je me suis dit que là c'était l'enfer direct et sans négociation possible... Pas d'onguent magique pour moi, je suis déçue ! Heureusement, je suis sauvée : ça s'achète sur internet. Dingue comme des êtres spirituels coupés du monde matériel peuvent être de bons commerçants.